La vaillance des bourgeons saupoudrés de neige
trois violettes dans l'insouciance de leur fraîche éclosion
qui éclairent une touffe d'herbe mouillée
mon impatience au lever du jour à quitter les draps tièdes
pour humer l'air glacé,
c'est le printemps et ç'est épatant !
Et tant pis pour le calendrier qui ne sait pas lire le ciel
c'est là-dessous que ça se passe
que se prépare le grand chambardement
c'est dur de mourir au printemps, Pierre,
et ton dernier souffle fut pourtant l'amandier*
ç'est là-haut que ça se prépare
quand les troncs torturés scintillent
de petites étoiles roses et nacrées
que les colverts en escadrille crèvent l'aurore en cancanant
c'est donc que c'est le printemps
et peut-être que je rajeunis de vingt ans
allons, de dix ans c'est inespéré
et entre deux giboulées
descendre au jardin
dans mon lopin encore neuf
pour y faire des vagues
et m'agiter pour échauffer mes sens,
carrément dément
*Pierre Bonnard 1867-1947
"l’Amandier" fut son dernier tableau.