Autun
Autun, le 21 avril 2009 – lettre n° 24 à FB
Étape de la pente
« Cher FB
(…) Quant à l’atmosphère d’ici, je l’ai retrouvée quasiment inchangée. Dès mon arrivée, après avoir rapidement installé tous mes gri-gris dans ma chambre d’hôtel, j’ai commencé à déambuler dans les rues. La nuit tombait et j’eus soudain l’impression qu’on avait actionné brusquement un commutateur général ou une trappe mystérieuse faisant disparaître d’un coup toute âme vive et me laissant absolument seule au beau milieu de la rue. C’est ce même phénomène que j’avais remarqué la première fois en plein jour. A l’heure du déjeuner. Dès le dernier coup de midi au clocher de la cathédrale volatilisation générale. Fermeture des portes. Disparition des habitants.
Pour mon premier soir donc, chacun alentour s’était tu. Peut-être pour éviter de troubler ma réflexion sur le choix à faire concernant ma soirée : une conférence sur Hérodote à la salle Hexagone près du Lycée militaire ou OSS 117 au fameux cinéma Arletty. Partie pour Hérodote (je vous jure que c’est vrai), un accablement soudain me fit bifurquer vers le cinéma et je pus tout le long du chemin entendre l’écho du claquement de mes talons sur les pavés en pente. Ici d’ailleurs tout est pentu : les toits, les flèches de la cathédrale, le plateau du théâtre, les rues, ma solitude. Peut être mon gosier le sera-t-il aussi ? (…) »