Chanter Trenet, c’est marcher face au soleil, nos ombres derrière nous. Chanter à la fois la nostalgie, la perte, et la joie d’être au monde. Et si sous le vernis de la fantaisie et de la légèreté affleurent toujours les gouffres intimes, la joie n’est jamais loin, nous mordant les mollets comme un chien de berger. Comme un rempart à la mélancolie. Son univers poétique à la Max Jacob nous enchante et nous étreint. Nous voyageons avec lui sur les routes de France, croisant Gershwin, Cocteau, Francis Blanche et Cab Calloway. Des canards qui parlent anglais. Des maisons de gardes-barrières. L’ennui des dimanches et les premiers congés payés. Paris. Le sud. La mer et notre cœur qui fait boum. Trenet c’est le vagabond chantant sur les chemins avant d’aller se pendre. C’est notre magnifique héritage infernal. Cabu le savait, c’est pour cela qu’il l’aimait tant.
Dans son théâtre de poche fantaisiste, drôlatique et tendre, Denis Bernet-Rollande met en scène de véritables duettistes.