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C'est l'printemps !

La vaillance des bourgeons saupoudrés de neige

trois violettes dans l'insouciance de leur fraîche éclosion

qui éclairent une touffe d'herbe mouillée

mon impatience au lever du jour à quitter les draps tièdes

pour humer l'air glacé,

c'est le printemps  et ç'est épatant !

Et tant pis pour le calendrier qui ne sait pas lire le ciel

c'est là-dessous que ça se passe

que se prépare le grand chambardement

c'est dur de mourir au printemps, Pierre,

et ton dernier souffle fut pourtant l'amandier*

 

ç'est là-haut que ça se prépare 

quand les troncs torturés scintillent

de petites étoiles roses et nacrées 

que les colverts en escadrille crèvent l'aurore en cancanant

c'est donc que c'est le printemps

et peut-être que je rajeunis de vingt ans

allons, de dix ans c'est inespéré

et entre deux giboulées

descendre au jardin

dans mon lopin encore neuf

pour y faire des vagues

et m'agiter pour échauffer mes sens,

 

carrément dément

Son dernier tableau, « l’amandier en fleur » est comme un ultime hommage à la vie. Commencé en 1945 et terminé quelques jours avant sa mort en 1947.

Voulant y donner d’ultimes retouches et n’en ayant plus la force, il demande à Charles Terrasse, son neveu, de recouvrir de jaune le bas gauche du tableau (vert à l’origine). Le neveu s’exécute, recouvrant partiellement la signature de Bonnard…

 

 

*Pierre Bonnard 1867-1947

"l’Amandier" fut son dernier tableau.